Association Artistique Munster

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Exposition d'été du 18 juillet au 2 août 2018

Une autre manière de prendre le train


Texte de Eddy HERRMANN / DNA


Vendredi, en fin d’après-midi, l’expo de l’AAVM (Association artistique de la Vallée de Munster) consacré au train a été inaugurée salle de la Laub.


D’emblée , ce qui frappe en poussant la porte de ladite salle, c’est une toile qui vous « saute aux yeux », celle, d’un expressionnisme saisissant, à la Munch, de Mireille Wioland, montrant un train surgissant de nulle part, sorte de monstre fumant, menaçant, angoissant, avec son phare vous scrutant tel l’œil d’un cyclope : on a envie de pousser… un cri, celui de Munch, précisément !


Et puis, parmi les nombreuses déclinaisons, les évocations de ce cher autorail rouget jaune (Renault-Caravelle), superbement réalisé d’une part par Marc Wioland avec, en arrière-plan, l’église protestante de Muhlbach (et qui nous offre en plus un exact portrait d’un mécanicien, peut-être de Jacques Lantier, de Zola ?), d’autre part, de Jean-Marie Dirringer, celui stationnant devant l’ex-gare de Wihr-au-Val, ou encore cette jolie « loco » (au pastel sec) d’Évelyne Durand, ce « rapide » filant à… un train d’enfer, en rase campagne, issu de la verve habituelle d’Yvonne Hunsinger (qui présente en outre d’autres œuvres – picturales et sculpturales clamant son amour indéfectible de l’Inde).



A découvrir, cette vision dantesque de ce « p’tit train, promenade dans la campagne automnale » selon Philippe Petinotti, son auteur, et on s’arrêtera longtemps devant la belle locomotive dans toute sa majesté de Jean-Marie Fassel, œuvre qui fait inévitablement penser à La Lison de la Bête Humaine de… Zola, encore ! Ainsi, la peinture prouve qu’elle peut, in fine, s’appuyer sur la littérature.


Symbolisme et visions futuristes

Quel beau symbolisme de Jean-Louis Banchereau et son arbre poussant au milieu d’une voie ferrée désaffectée, précisant qu’il a surtout voulu montrer « que la nature est plus forte et reprend toujours ses droits », montrant d’autres peintures encore, toutes aussi délicates.


Mais on pourra admirer, entre autres, ce splendide train auréolé de sa fumée, par Christiane Fassel ; cette gare désespérément désertée de Christine Neubauer, résultat de la grève « perlée » sans doute ? Et « Les retrouvailles » de Geneviève Gersbach et le train qui, enfin arrive…


Citons aussi l’étonnante huile rappelant le projet, hélas avorté, d’une ligne Paris-Vienne via Munster de Hubert Lammer ; Marthe Jaegle et ce petit garçon déambulant sur les rails avec ses ballons ; René Girardin, à la fois futuriste et drôle, précisant que le « dessin, non terminé pour cause de grève puis « repris après négociations !… ». Les « Souvenirs d’enfance » aussi liés au train de Marthe Kempf, le « train des Laurentides » de Renée Hug.


Extraordinaire, aussi, ce couple d’amoureux comptant fleurette (avec des fleurs), sur un banc (d’une salle d’attente ?). Viendra, ne viendra-t-il pas, le train ?… Sculpture en terre chamottée (argile cuite concassée), de René Girardin ! Simone Wioland et son « train des glaciers » dont le rouge rappelle la « Rigi-Bahnala » ; les sympathiques vaches de Jean-Bernard Edel, ravies du passage régulier du train… Sans oublier Annette Ory et son clin d’œil au « tram de la Schlucht », voire d’autres souvenirs de Claudine Wetzel…


Œuvres très parlantes, variées, de styles et conceptions différentes mais où, en filigrane, on croit toujours entendre… siffler le train ! Ces trains, « ces machines qui renâclent comme des ânes […] jettent le feu par les naseaux […] des sifflets qui fendent l’âme… » comme dit Jules Valles (L’Enfant).


L’exposition est enrichie par d’autres œuvres (fleurs, pièces uniques sculptées en bois d’un seul tenant de Gérard Schweiss, celles, impressionnantes également, de Marc Neubauer, d’Erwin Kempf et sa recherche du corps féminin idéal, toujours « tout feu, tout femme »… Expo qui, décidément, est… en train de susciter l’intérêt qu’elle mérite, en cette année du 150e anniversaire de la ligne Colmar-Munster !


En prime, l’on pourra admirer la cigogne, selon les petits élèves de l’école maternelle du Badischhof, résultat d’un atelier, en compagnie de membres de l’AAVM. Ainsi que les « marines » de Renée Ducouroux-Hug (toiles exposées en dehors du thème imposé des trains).



Lors du vernissage, Marc Wioland, le président de l’association organisatrice, avait eu la joie de saluer un grand nombre d’invités dont Pierre Dischinger, maire et Monique Martin, 1re  adjointe, revenant sur les festivités qui ont ponctué ce grand anniversaire, faisant un tour d’horizon de cette nouvelle exposition où l’on pourra, en effet, voir « des trains d’autrefois, d’aujourd’hui, du futur, d’ailleurs et d’ici… » rappelant les objectifs de son association, dont les voyages culturels, comme celui qui l’a menée à Berlin et, en 2019, la mènera à Madrid…


Remerciements du maire Dischinger qui estime « que notre train est un outil d’avenir, quoi qu’on en dise, et qu’il convient de chérir. Merci aux artistes qui se sont prêtés au jeu. Ils ont, à leur manière, réussi une belle promotion du train, richesse de notre vallée… ».